Atelier Téhima - un vendredi philosophique

Sante-Joye Téhima Atelier philosophique

L'automne des blocs-notes

C’est l’automne des bloc-notes

Beaucoup de feuilles sont mortes

J’ai trop de mots

Poésie trompe-l’œil

Ça tombe comme des trombes d’eau

À la saison des vents violents

Qui aime mes poèmes me suive

Il y a de la sueur et du sang dans cette voix suave m’ont dit certains

Sers-toi

Rince toi l’oreille

Surtout que c’est ma première sortie depuis des lustres

Duajaabi Jeneba poète peul né quelque part en Afrique de l’Ouest

Et si tout changeait du jour au lendemain

Regarder par la fenêtre et dire il n’y a pas un chagrin dehors

Cette nuit le malheur s’est fait mal aux mains

On m’appelle Niominka Bi l’homme qui vient de la mer

Je viens de là où les vents hurlent avec des voix de loup

Je me souviens d’avoir fait les vœux que les étoiles voient de loin

Quand elles m’ont demandé

Toi qui étudie la quiétude qui es-tu ?

J’ai répondu c’est moi l’humain

Et je prie pour que la naïveté de l’ange rende le démon moins malin

Il y aura toujours un lendemain

Un jour heureux de naître

L’amour est mon ami mais pour qu’il puisse me reconnaître

J’ai dû retenir qu’il valait mieux être victime d’une injustice que la commettre

J’écris à contre-jour

Je brise la loi des saisons avec un chagrin dans la gorge

Depuis que les silences de la poésie m’ont appris à marcher sur l’horizon

C’est l’automne des bloc-notes

Beaucoup de feuilles sont mortes

J’ai trop de mots

Poésie trompe-l’œil

Ça tombe comme des trombes d’eau

À la saison des vents violents


Dehors les vents de l’aurore défient les vagues

Feuilles d’automne raturées d’un arc-en-ciel

Monochrome

Malade

C’est l’aube

Et j’ai d’l’encre plein les paupières

La saison souffle son dernier soleil

Chaque mot de poésie sacrifiée

Résiste comme les arbres

Sous les trombes d’eau

Je cherche un phare dans la tempête

Et j’écris du cœur

Je reste là

J’attrape les branches que les mots tendent

Sur l’autre rive

C’est l’automne

L’automne des bloc-notes

Tous les fleuves débordent

Saison des pluies

Ou toutes les feuilles s’envolent

C’est l’automne des bloc-notes

Beaucoup de feuilles sont mortes

J’ai trop de mots

Poésie trompe-l’œil

Ça tombe comme des trombes d’eau

À la saison des vents violents

Souleymane Diamanka
Habitant de nulle part, originaire de partout

Suite à la lecture de ce texte à haute voix (une merveille, essayez…)

nous avons dansé les quatres lettres hébraïques (voir la photo ci-dessus) selon la Téhima, lors d’un vendredi soir philosophique.