C’est l’automne des bloc-notes
Beaucoup de feuilles sont mortes
J’ai trop de mots
Poésie trompe-l’œil
Ça tombe comme des trombes d’eau
À la saison des vents violents
Qui aime mes poèmes me suive
Il y a de la sueur et du sang dans cette voix suave m’ont dit certains
Sers-toi
Rince toi l’oreille
Surtout que c’est ma première sortie depuis des lustres
Duajaabi Jeneba poète peul né quelque part en Afrique de l’Ouest
Et si tout changeait du jour au lendemain
Regarder par la fenêtre et dire il n’y a pas un chagrin dehors
Cette nuit le malheur s’est fait mal aux mains
On m’appelle Niominka Bi l’homme qui vient de la mer
Je viens de là où les vents hurlent avec des voix de loup
Je me souviens d’avoir fait les vœux que les étoiles voient de loin
Quand elles m’ont demandé
Toi qui étudie la quiétude qui es-tu ?
J’ai répondu c’est moi l’humain
Et je prie pour que la naïveté de l’ange rende le démon moins malin
Il y aura toujours un lendemain
Un jour heureux de naître
L’amour est mon ami mais pour qu’il puisse me reconnaître
J’ai dû retenir qu’il valait mieux être victime d’une injustice que la commettre
J’écris à contre-jour
Je brise la loi des saisons avec un chagrin dans la gorge
Depuis que les silences de la poésie m’ont appris à marcher sur l’horizon
C’est l’automne des bloc-notes
Beaucoup de feuilles sont mortes
J’ai trop de mots
Poésie trompe-l’œil
Ça tombe comme des trombes d’eau
À la saison des vents violents
Dehors les vents de l’aurore défient les vagues
Feuilles d’automne raturées d’un arc-en-ciel
Monochrome
Malade
C’est l’aube
Et j’ai d’l’encre plein les paupières
La saison souffle son dernier soleil
Chaque mot de poésie sacrifiée
Résiste comme les arbres
Sous les trombes d’eau
Je cherche un phare dans la tempête
Et j’écris du cœur
Je reste là
J’attrape les branches que les mots tendent
Sur l’autre rive
C’est l’automne
L’automne des bloc-notes
Tous les fleuves débordent
Saison des pluies
Ou toutes les feuilles s’envolent
C’est l’automne des bloc-notes
Beaucoup de feuilles sont mortes
J’ai trop de mots
Poésie trompe-l’œil
Ça tombe comme des trombes d’eau
À la saison des vents violents
Suite à la lecture de ce texte à haute voix (une merveille, essayez…)
nous avons dansé les quatres lettres hébraïques (voir la photo ci-dessus) selon la Téhima, lors d’un vendredi soir philosophique.